17 Déc Vers une société inclusive, un horizon qui donne sens à notre ambition pour l’école…
Lors de la journée des Fraternités du 7 décembre 2018, Charles Gardou, anthropologue et professeur à l’université Lumière Lyon 2, auteur de Société inclusive, parlons-en !, apportait son analyse de la situation actuelle et des évolutions à mettre en œuvre. Il décrivait le contexte de diffusion de l’inclusion, les engagements que cela implique et les fondements à cette vision inclusive. Voici ce que l’on pourrait retenir de la conférence qu’il a donnée.
Quel est le contexte sociétal dans lequel on parle d’inclusion ?
Le concept de société inclusive apparaît comme un pléonasme. Le mot « société » implique une idée d’union, d’alliance, de coopération et de solidarité. Le mot « inclusive » apporte un effet renforçateur de cette idée. C’est un concept à contre culture, en ce sens que notre temps apparaît comme un temps ambigu, paradoxal, désarmant et indécis.
Un temps ambigu
car les progrès sont exponentiels. Mais entraînent que « des îlots de conforts côtoient des océans d’empêchement« .
Un temps paradoxal
car il propose de respecter les fragilités dans le même temps qu’il les isole. Ce n’est pas tant la question de l’accueil que celle d’accéder aux apprentissages qui sont nécessaires aux personnes fragiles.
Un temps désarmant
car dans le même temps qu’il propose l’indépendance, il assujettit au normatif. Notre culture peine à s’extraire de l’idée d’une humanité normée, en oubliant que ce qui nous rassemble ce sont nos fragilités.
Un temps indécis
car il veut faire place à la diversité tout en excluant les fragilités « gênantes », en proposant « une normalité à marche forcée qui crée toujours plus d’inconfort« .
Quels sont les engagements lorsque l’on parle d’inclusion ou d’école et de société inclusive ?
Tout d’abord, il convient de mesurer le poids des mots : inclusion ou inclusif ?
Quel que soit le contexte de définition (sciences, technique…), le mot « inclusion » est porteur de la notion d’enfermement, d’un élément hétérogène dans un milieu auquel il n’appartient pas. En revanche, l’adjectif « inclusif, inclusive » apporte une autre dimension, car il s’oppose à exclusif, est plus impliquant et implique l’idée d’une mutualisation, de permettre à chacun son propre parcours de vie… Proposer une société inclusive engage à « s’extraire d’une contrainte culturelle qui nous a façonnés et modifier sa manière de concevoir la société et donc l’école« .
Quels seraient les fondements d’une société inclusive ?
Cinq piliers fondamentaux se dessinent :
Remettre en cause les exclusivités sociétales
puisque nous sommes tous héritiers d’un patrimoine culturel commun qui nous confère une identité, notamment des structures éducatives.
Contester les exclusivités de norme :
« La norme est une route pavée, on y marche aisément, mais les fleurs n’y poussent pas. » disait Van Gogh
Proposer l’équité,
c’est à dire agir de façon modulée pour pallier les inégalités de nature, en réinterrogeant les moyens, en accommodant les ressources…
Distinguer le « vivre » et l’ »exister » :
une société inclusive doit défendre le droit à exister, c’est à dire ne pas seulement répondre à des besoins mais également à des désirs, à des plaisirs…
Mettre à mal le système de hiérarchisation des vies :
« Il n’y a pas de vie minuscule car il n’y a pas de vie majuscule ! ».
Ainsi, l’école inclusive devrait aider chaque élève à grandir à sa mesure, c’est un droit !